Faits au sujet du comité sur le journalisme perdus dans la tempête médiatique
Howard Law
Faits au sujet du comité sur le journalisme perdus dans la tempête médiatique
La semaine dernière, le ministre du Patrimoine Pablo Rodriguez a invité des éditeurs et des organisations journalistiques à se joindre à un groupe indépendant d’experts mandaté pour préciser les définitions de la Loi sur l’équilibre budgétaire relatives au plan de sauvetage de 595 millions de dollars de la presse écrite.
Ensuite, une tempête médiatique nous a frappés.
Certains faits importants se sont perdus dans la tempête. Les voici.
Le groupe formulera des recommandations au gouvernement pour établir des règlements sur la mise en œuvre des engagements pris dans la Loi sur l’équilibre budgétaire. Le groupe indépendant sera composé de huit membres, soit quatre provenant d’éditeurs et quatre d’organisations journalistiques. En tant que plus important syndicat du secteur des médias au Canada, Unifor a été nommé comme l’une des quatre organisations de journalistes.
Le comité peut soumettre des recommandations uniquement fondées sur le consensus des huit membres. Les recommandations devraient s’harmoniser avec les pratiques générales de l’industrie.
Le travail du comité commencera prochainement. Il doit être terminé dans un délai de 30 jours et son mandat prend ensuite fin.
Voici les questions auxquelles il faut répondre :
· Que sont des nouvelles « originales »?
· Qui sont les « employés de salles de presse admissibles » aux crédits d’impôt pour la main-d’œuvre offerts aux éditeurs? Le groupe doit déterminer, à partir de la longue définition déjà énoncée dans la Loi sur l’équilibre budgétaire, la signification de « autres tâches de préparation de contenu ».
· Que signifie le fait que le contenu d’une organisation journalistique canadienne admissible (OJCA) doive « être principalement axé sur des sujets d’intérêt général et sur la couverture de l’actualité […] et ne [doive] pas être principalement centré sur un sujet particulier »?
· Examinez l’exigence voulant qu’une organisation journalistique admissible doive « régulièrement employer au moins deux journalistes […] pour produire son contenu », et donnez des précisions ou des définitions et même recommandez des « redressements », sur lesquels le gouvernement pourrait légiférer à une date ultérieure.
Comme vous pouvez le voir, les tâches vont des plus importantes aux plus granulaires. Par exemple, devrions-nous inclure les producteurs vidéo dans la définition « autres tâches de préparation de contenu »? La limite de « deux journalistes » devrait-elle inclure les journalistes à temps partiel?
La dernière tâche de chacun des huit membres du comité consiste à désigner un membre d’un deuxième groupe indépendant qui sera le gardien administratif qui examinera les demandes d’admissibilité des organisations journalistiques en vertu de la Loi sur l’équilibre budgétaire.
Le ministre a promis que le processus sera entièrement transparent. Comme tout le monde, nous veillerons à ce qu’il tienne parole.
…
Je comprends et j’accepte que le plan de sauvetage des médias prête à la controverse. En année électorale, il donne des munitions à l’opposition. C’est ainsi.
L’aide fédérale provient de trois enveloppes : une subvention de 15 % pour les salaires des employés des salles de presse, un crédit d’impôt pour les abonnements numériques, et le statut d’organisme de bienfaisance pour les organisations journalistiques sans but lucratif afin qu’elles puissent remettre des reçus à des fins fiscales aux donateurs.
Je n’ai pas à énumérer la longue liste des fermetures de journaux canadiens (250 au cours des 10 dernières années, 2 000 fermetures aux États-Unis au cours de la même période).
Le montant de 0,80 $ par dollar que les revenus publicitaires de la presse écrite ont déjà contribué pour financer le journalisme est la moitié de ce qu’il était il y a 10 ans. Il n’a pas été remplacé par des dollars numériques. Il n’existe plus de modèle opérationnel viable à but lucratif.
Quoi de plus cynique dans cette forte opposition à l’aide gouvernementale pour le secteur des médias que le profond déni à l’égard de cette réalité commerciale et de l’incapacité d’offrir une solution de rechange?
L’idée que le gouvernement achète un soutien médiatique grâce à une modeste subvention conçue pour éviter d’autres fermetures de journaux verse dans le sensationnalisme.
CBC/Radio-Canada bénéficie d'une subvention gouvernementale complète depuis des décennies, dont les 20 dernières années dans le secteur des nouvelles écrites en ligne. Et pourtant, une subvention de 15 % accordée à des médias privés (qui endossent les conservateurs fédéraux dans 77 % des cas) représenterait un stratagème dangereux pour « acheter les médias »?
Peut-être que l’objection puritaine aux subventions des médias triomphera. Il ne restera qu’un désert de nouvelles de la taille du Sahara, bordé par la vénérable CBC/SRC d’un côté et la sauvagerie de la contrée des trolls de l’autre. Que le ciel vienne en aide à notre démocratie.
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Lire la lettre de mandat du gouvernement à l'adresse suivante https://www.uniformedia.ca/federal-aid-to-media.
Howard Law
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